« l’arborescence »

En arborescence permanente. Voilà ce qui pourrait caractériser le parcours de Florent Philippe. On ne peut comprendre son travail photo d’aujourd’hui sans envisager le tout.
Gymnaste de haut niveau, commissaire d’exposition, installations son vidéo, graphiste pour une chaine de télévision, directeur école de musique….la liste est longue pour cet homme qui est là mais pas là. En fait ce ne sont jamais des arrêts, mais une histoire qui continue sans fin.
Né à Boulogne sur mer dans le nord de la France en 1968, il part sur les routes à l’âge de 20 ans après une carrière de gymnaste.
En 1998, il est accepté aux beaux-arts de Calais. En cinq ans il passera par cinq grandes écoles d’art en France. Après Calais Il y aura les beaux-arts de Cergy, de Dijon, de Besançon et de Tourcoing. Il va enfin pouvoir articuler un langage et le remettre en question. La question du langage et de la forme sera omniprésente dans son travail.
En parallèle il commence son parcours au sein des centres d’art. Il travaille comme régisseur et commissaire d’exposition pour des artistes comme Koudelka, Morellet, Ernest pignon Ernest, Raymonds Hains, Erick Dietman, Velicovick, Anthony Caro, Simone Decker, Rodney Graham, Di Matteo…… Francesco Finizio pour qui il sera commissaire d’exposition au MAC de Marseille.
Ses premières œuvres prennent la forme d’installations intégrant le son et la vidéo. Il interroge notre savoir, il déclenche le piège visuel. Notre mémoire imageante le questionne. » Il y avait une faille entre ce qui était nommée et ce qui est sentie » dit-il.
Ces installations sont lourdes et imposantes. Il a besoin de ce rapport physique, souvent risqué que l’on voit encore dans sa série photo « Escape ». Dans cette série comme les autres pas de trucages et c’est ce qui l’amuse.
L’image dialectique l’obsède. Une image dialectique douée d’une réversibilité, d’une autocritique sur notre façon de la voir au moment où nous essayons de l’interpréter. Circularité, mimésis, tautologie, aporie entre dans la danse. Il se sent proche des propositions de propositions de Bruce Nauman, Bill Viola, Robert Morris ou même Gary Hill.
Pour lui l’art est total et n’est pas la seule réponse. » Une catastrophe » dit-il en riant…
 En 2010 Inscrit au saint du Diocèse de Marseille, il commence un travail pour entrer en prêtrise.
Ce rendre utile à l’autre qui ne le comprends pas, est son moteur. Vivant du minimum, il se mettra au service des exclus. « Ses frères de la rue ».
Mais voilà, comme une évidence, son chemin va encore connaitre un changement. Grâce à la photo il va rencontrer sa « Muse » et remonter dans le Nord qu’il ne voulait plus voir.
Les photos qui suivent racontent la suite de cette histoire. Il ne pouvait utiliser autre chose que la photographie. A 13 ans, armé de son petit olympus om10, il possédait déjà son petit laboratoire.
Comme une particule à l’image du tout, il est impossible d’envisager ces photos sans connaître l’histoire : celle qui s’est terminée, celle qui commence, celle que vous continuez.
Il garde pour lui bien d’autres aventures.
Nous sommes en 2020…..sa vie est un roman, son filtre de lecture : son appareil photo.

interview F.f 2020 pour eye magazine et progressive street copyright